France 2025 : croissance fragile, export décisif et secteurs en mutation
- Nadine CHENNAFI
- 24 sept.
- 4 min de lecture
La rentrée économique 2025 offre une photographie contrastée de la France. Certes, la croissance repart timidement (+0,8 % selon l’INSEE), l’inflation reflue (1 % attendu en 2025) et les marchés respirent. Mais derrière ces chiffres encourageants, le quotidien des entreprises reste marqué par des arbitrages douloureux : investir ou attendre, innover ou consolider, viser la France ou l’étranger.
Pour comprendre où nous allons, il faut regarder de près les secteurs phares : luxe, tech, alimentaire, automobile. Quatre univers, quatre réalités, mais une même leçon : 2025 sera l’année où l’export, l’innovation et la capacité à se différencier feront la différence.

Croissance : une embellie fragile (économie française 2025)
L’INSEE a relevé ses prévisions de croissance à 0,8 %, portée par l’aéronautique, le tourisme et l’immobilier. Bonne nouvelle ? Oui, mais partielle. Car si les carnets de commandes se remplissent à nouveau, la consommation intérieure reste sous pression. Les ménages, échaudés par deux ans d’inflation, continuent de privilégier l’épargne et les marques distributeurs.
Les entreprises ne doivent pas compter sur un « retour magique » de la demande locale. La croissance viendra d’ailleurs, de l’international, de l’innovation et des nouveaux modèles économiques.
Luxe : Paris brille, mais la pression monte
L’annonce de l’arrivée de Restoration Hardware sur les Champs-Élysées illustre la vitalité du luxe à Paris. La capitale confirme son statut de vitrine mondiale, attirant touristes, investisseurs et enseignes internationales.
Mais les grands noms du luxe (Hermès, LVMH, Kering) savent que les règles changent. Les clients d’aujourd’hui veulent plus que du prestige : ils demandent des expériences immersives, de la transparence, et un luxe responsable. Dans un marché saturé, le storytelling ne suffit plus : la valeur doit être tangible, mesurable, crédible.
Tech : l’innovation sous tension
Côté tech, les signaux sont mixtes. La French Tech reste dynamique dans l’IA et la cybersécurité, attirant encore des financements. Mais les startups, confrontées aux coûts de l’énergie et à la guerre des talents, peinent à scaler rapidement.
Les grands groupes comme Dassault Systèmes ou Capgemini mènent la charge à l’international, profitant du nouveau partenariat Bpifrance – Business France (2025-2027) pour accompagner un tissu de PME.
Le message est clair : dans la tech, l’innovation « made in France » n’a de valeur que si elle se projette sur la scène mondiale.
Alimentaire : la bataille du pouvoir d’achat
Le secteur alimentaire illustre parfaitement le dilemme français. À l’export, nos vins, fromages et produits premium séduisent toujours. Mais sur le marché intérieur, la réalité est plus rude : les consommateurs arbitrent, choisissent les MDD, et boudent certains produits plaisir.
Les géants comme Danone compensent en misant sur l’international. Les PME agroalimentaires, elles, doivent inventer de nouveaux leviers : circuits courts, bio premium, innovations végétales. Mais la bataille des prix reste féroce, et beaucoup craignent que la montée en gamme ne suffise pas à compenser l’érosion des marges.
Automobile : Stellantis freine la cadence
L’industrie automobile française traverse une zone de turbulences. Stellantis vient d’annoncer l’arrêt de son usine de Poissy (Yvelines) du 13 au 31 octobre 2025. Près de 2.000 salariés seront placés en congés d’office et en chômage partiel, faute de demande suffisante pour l’Opel Mokka, le modèle produit sur place.
La direction assure que cette pause permettra de réaliser des travaux et des formations. Mais les syndicats redoutent une réalité plus sombre : une baisse structurelle de la production, et, à terme, la fermeture du site à l’horizon 2028 si aucun nouveau modèle n’est annoncé.
Cet épisode illustre les tensions qui traversent l’automobile : transition électrique coûteuse, concurrence asiatique féroce, marché européen en ralentissement. Pour les sous-traitants comme pour les salariés, l’incertitude domine.
La France aborde 2025 avec une croissance fragile mais réelle, une inflation sous contrôle et des secteurs moteurs prêts à rebondir. Mais ne nous trompons pas : le vrai enjeu n’est pas de « profiter » de la reprise, c’est de la construire.
Le luxe doit concilier prestige et responsabilité.
La tech doit transformer ses innovations en succès internationaux.
L’alimentaire doit réinventer son modèle face au pouvoir d’achat contraint.
L’automobile doit réussir sa mutation électrique et rassurer ses salariés.
Pour les dirigeants, 2025 n’est pas une année de transition : c’est une année décisive. Celle où l’export, l’innovation et l’agilité ne seront plus des options, mais des conditions de survie.
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Sources
Reuters – French economy to grow 0.8% in 2025 as key sectors rebound, INSEE says (11 septembre 2025)
Reuters – La Banque de France table sur une inflation à 1 % en 2025, 1,3 % en 2026 et 1,8 % en 2027 (16 septembre 2025)
Reuters – French business activity edges closer to growth in August, PMI shows (21 août 2025)
Business France – Bpifrance et Business France renouvellent leur partenariat stratégique 2025-2027 (septembre 2025)
La Tribune – L’essentiel de l’actualité business, lundi 22 septembre 2025
BFM Business – Good Morning Business, 22 septembre 2025
BFMTV – Stellantis Poissy à l’arrêt trois semaines en octobre, 2.000 salariés concernés (22 septembre 2025)
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