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Assurance-vie : le nouvel impôt qui inquiète les épargnants et le monde de la finance

C’est une annonce qui a provoqué une onde de choc dans le monde de la finance. Les députés ont voté, dans le cadre du projet de loi de finances 2026, un amendement élargissant l’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI) à de nouveaux actifs considérés comme « improductifs ». Parmi eux : les contrats d’assurance-vie en fonds euros, pourtant piliers de l’épargne des Français.

Une décision que le président du groupe Aéma (Macif, Aésio, Aviva France), Philippe Michel-Labrosse, juge « extrêmement choquante », estimant qu’elle pourrait pousser les épargnants à retirer des milliards d’euros de leurs contrats. Cette mesure, censée renforcer la « justice fiscale », risque surtout de fragiliser un produit d’épargne qui finance largement l’économie réelle.


Assurance-vie 2025 : un épargnant français s’inquiète du nouvel impôt sur les fonds euros voté par les députés dans le budget 2026.


D’un impôt sur la fortune immobilière à une “fortune improductive”


Créé en 2018 pour remplacer l’ISF, l’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI) ne concernait jusqu’à présent que les biens immobiliers. Mais les députés ont adopté fin octobre 2025 un amendement transformant cet impôt en “impôt sur la fortune improductive”.

L’objectif affiché : taxer les actifs considérés comme « non productifs pour l’économie », à savoir :

  • les fonds en euros des contrats d’assurance-vie,

  • les métaux précieux, cryptomonnaies, voitures de collection, yachts, et œuvres d’art détenues à titre patrimonial.

Le gouvernement justifie cette extension par la volonté de faire contribuer davantage les patrimoines élevés à l’effort budgétaire, sans alourdir la fiscalité du travail.


L’assurance-vie, un pilier de l’épargne française fragilisé


Avec plus de 2 000 milliards d’euros d’encours, l’assurance-vie reste le placement préféré des Français. Elle permet à la fois de préparer sa retraite, de transmettre un capital et de financer l’économie via les investissements réalisés par les assureurs.

En intégrant les fonds en euros dans la base de calcul de ce nouvel impôt, l’État s’attaque à une épargne perçue comme « sûre » et « liquide ». Les acteurs du secteur redoutent un effet domino :

  • une perte de confiance des épargnants,

  • des retraits massifs,

  • un affaiblissement de la collecte et du financement des entreprises françaises.

Le patron d’Aéma a prévenu : « Si cette taxe est confirmée, des dizaines de milliards d’euros pourraient être retirés de l’assurance-vie. »


Les réactions du secteur financier et des épargnants


La Fédération Française de l’Assurance (FFA) et plusieurs grands groupes mutualistes ont dénoncé une mesure « contre-productive ». Selon eux, les fonds en euros ne sont pas des actifs improductifs : ils servent au contraire à financer les obligations d’État, les entreprises et les projets d’infrastructure.

Du côté des épargnants, la colère monte. Beaucoup craignent une remise en cause du contrat de confiance fiscal autour de l’assurance-vie, longtemps vantée pour sa stabilité. Sur les forums financiers, de nombreux particuliers évoquent déjà un transfert vers des unités de compte ou des produits immobiliers non concernés.

Certains conseillers en gestion de patrimoine évoquent même un risque de panique fiscale, avec une accélération des retraits avant la mise en application du texte.


Les conséquences économiques possibles


Si cette réforme venait à être confirmée, ses effets pourraient être multiples :

  • Un recul de la collecte d’assurance-vie, au profit des comptes-titres ou de l’immobilier ;

  • Une perte de liquidités pour les assureurs, qui risquent de devoir vendre des actifs pour faire face aux retraits ;

  • Un impact indirect sur le financement des entreprises, car une partie des fonds en euros est investie dans les obligations d’État et les marchés financiers.

À court terme, le gouvernement espère une hausse des recettes fiscales. Mais à moyen terme, la mesure pourrait affaiblir la stabilité du système d’épargne français, qui repose justement sur la confiance et la prévisibilité fiscale.


Un débat politique et économique ouvert


Cette réforme marque un tournant dans la stratégie fiscale française. Elle soulève une question centrale :

Faut-il taxer davantage les patrimoines financiers pour réduire les inégalités, ou préserver un système d’épargne qui soutient l’investissement ?

Certains économistes saluent l’initiative, estimant que les fonds en euros constituent une rente peu risquée qui ne stimule pas directement l’activité économique. D’autres rappellent que ces fonds assurent la stabilité du financement de la dette publique et qu’une fuite de capitaux pourrait fragiliser les marchés.



En cherchant à taxer ce qu’il appelle la « fortune improductive », le gouvernement ouvre un débat sensible : celui de la place de l’épargne dans la relance économique. Mais toucher à l’assurance-vie, c’est toucher à l’un des piliers de la confiance financière française.

Les épargnants attendent désormais la version définitive du texte, qui sera examinée au Sénat. En attendant, les professionnels appellent à la prudence : toute instabilité fiscale risque de provoquer des effets contraires à ceux escomptés.



Sources

  • BFMTV, Les députés ont voté un impôt qui devrait taxer l’assurance-vie : le patron du groupe Aéma “extrêmement choqué” (04/11/2025)

  • Capital.fr, Assurance-vie : serez-vous concerné par le nouvel impôt sur la fortune improductive ? (31/10/2025)

  • La Tribune, Impôt sur la fortune improductive : vers une taxation des fonds en euros ? (01/11/2025)

  • LCP, Budget 2026 : l’Assemblée nationale vote pour l’instauration d’un nouvel impôt sur la fortune (02/11/2025)

  • Assemblée nationale, Compte rendu intégral de la séance du 31 octobre 2025

  • Fédération Française de l’Assurance, Communiqué sur la fiscalité de l’assurance-vie (novembre 2025)

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