Démission de Lecornu : chaos politique et incertitude économique avant le vote du budget 2026
- Nadine CHENNAFI
- 6 oct.
- 4 min de lecture
Ce lundi 6 octobre 2025, Sébastien Lecornu a remis sa démission à Emmanuel Macron. Un mois à peine après sa nomination, le Premier ministre quitte Matignon dans un climat explosif. Selon l’Élysée, la décision a été « acceptée sans délai ».

Une démission inattendue qui plonge l’exécutif dans la tourmente
Ce départ surprise bouleverse la trajectoire politique d’un gouvernement déjà fragilisé par les divisions internes et les tensions parlementaires. À quelques semaines du vote du budget 2026, cette démission tombe au pire moment pour la stabilité du pays.Les Républicains, dont une partie devait soutenir le texte, ont aussitôt suspendu les discussions, tandis que la gauche appelle à une motion de censure immédiate. Le spectre d’un blocage institutionnel plane désormais sur Paris.
« Nous assistons à une paralysie de l’action publique à un moment où la France a besoin de cohérence », a déclaré un sénateur centriste au Monde.
Un budget sous haute tension
Le projet de loi de finances 2026, déjà controversé, devait être présenté au Sénat cette semaine. La démission de Lecornu suspend de facto l’examen du texte, laissant un vide juridique et politique.
Trois volets clés étaient au cœur des débats :
Le plan d’économies de 43,8 milliards d’euros, destiné à ramener le déficit à 4 % du PIB.
La réforme des aides publiques aux entreprises, pour conditionner les subventions à des critères sociaux et environnementaux.
La révision de la franchise en base de TVA, qui devait impacter directement les microentreprises et indépendants.
Ces mesures devaient être examinées par la commission des finances du Sénat avant un vote final prévu fin octobre. Leur avenir est désormais incertain.
« Aucun gouvernement intérimaire ne pourra assumer un texte aussi engageant sans légitimité politique », estime un économiste interrogé par Les Échos.
Impact direct sur les entreprises : entre prudence et perte de visibilité
La crise politique a des conséquences immédiates sur les entreprises françaises, déjà confrontées à un ralentissement de la demande et à la hausse du coût du crédit.
Une incertitude fiscale généralisée
Le projet de budget prévoyait plusieurs mesures structurantes :
Le gel de certaines niches fiscales (CICE, CIR) jugées peu efficaces.
Une taxe exceptionnelle sur les revenus supérieurs à 250 000 €.
La réduction de subventions sectorielles pour les entreprises à forte empreinte carbone.
Ces mesures pourraient être suspendues, voire réécrites, en cas de remaniement.
Un climat d’attentisme dans les directions financières, un ralentissement des investissements et des décisions reportées.
« Nous ne savons plus sur quelle base budgétaire nous allons planifier 2026 », confie un directeur financier d’un grand groupe industriel à Reuters.
Des aides publiques en suspens
Les PME et TPE sont les premières concernées. Plusieurs dispositifs d’aides à la trésorerie et à la transition écologique, qui devaient être prolongés, sont désormais gelés.
Le Fonds pour l’innovation industrielle (FII), doté de 800 millions d’euros, devait être voté cette semaine au Sénat. Il visait à soutenir les investissements dans l’hydrogène, la décarbonation et le numérique. Accès au crédit : la prudence des marchés
Sur les marchés financiers, la réaction a été immédiate. Le taux des obligations d’État françaises à 10 ans a grimpé à 3,56 %, un plus haut depuis 2023.Les banques, anticipant un durcissement du contexte, pourraient resserrer les conditions d’accès au financement pour les entreprises, surtout les plus petites.
« L’incertitude politique pèse sur la prime de risque. Les PME paieront le prix fort si la situation s’éternise », alerte un analyste d’Amundi Research.Son avenir est désormais compromis.
De même, les aides à l’embauche des jeunes et le prolongement du bouclier énergétique restent suspendus à la formation d’un nouveau gouvernement.
Le Sénat en première ligne : des mesures à haut risque
Le Sénat devait examiner cette semaine plusieurs amendements sensibles du projet de loi de finances. Leur sort reste désormais en suspens :
Réforme de la TVA simplifiée pour les micro-entrepreneurs, afin d’alléger les démarches administratives.
Encadrement des aides publiques conditionnées à la création d’emplois locaux.
Réduction progressive des avantages fiscaux pour les grands groupes énergétiques.
Maintien de la défiscalisation des heures supplémentaires (soutenue par le patronat).
Ces points étaient considérés comme stratégiques pour les entreprises. Leur report fragilise la visibilité fiscale et contractuelle du tissu économique.
Vers une recomposition politique ?
À l’Élysée, le président Macron pourrait nommer un Premier ministre “technique” chargé de gérer les affaires courantes jusqu’au vote du budget. Parmi les noms évoqués : Roland Lescure (ministre de l’Économie) et Élisabeth Borne pour un retour temporaire à Matignon.
Trois scénarios se dessinent :
Un remaniement express pour sauver le calendrier budgétaire.
Un report du vote à novembre, entraînant un recours partiel à l’article 49.3.
Une dissolution de l’Assemblée nationale, si aucun compromis politique n’est trouvé.
La démission de Lecornu et l’instabilité politique fragilisent la visibilité normative des entreprises. Le vote du budget 2026 est désormais soumis à une recomposition politique, où chaque voix (à l’Assemblée ou au Sénat) pourra peser. Les chefs d’entreprise devront rester particulièrement attentifs aux amendements en cours, aux consultations parlementaires, et être proactifs pour préserver ou obtenir des gestes favorables dans ce contexte incertain.
Que pensez-vous de la démission de Lecornu et de ses conséquences sur le budget 2026 ? Partagez votre avis en commentaire 👇
📈 Et pour ne rien manquer des analyses économiques et politiques de CNBC France,
➡️ Suivez notre page LinkedIn
Sources
BFMTV – Lecornu démissionne : un séisme politique avant le vote du budget
Le Monde – Budget 2026 : le risque d’un choc massif sur l’économie française
Reuters – Lecornu renonce à la suppression de deux jours fériés
Public Sénat – PLF 2026 : les orientations budgétaires et les mesures d’économie
Amundi Research – Impact politique et budgétaire de la crise gouvernementale